L'Agent Zéro . Джек Марс

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Название L'Agent Zéro
Автор произведения Джек Марс
Жанр Современные детективы
Серия Un Thriller d’Espionnage de L'Agent Zéro
Издательство Современные детективы
Год выпуска 0
isbn 9781640299511



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phrase lui valut d’attirer l’attention. Les yeux se tournèrent vers lui, clignant à cause du manque de sommeil, essayant de déterminer s’il avait bien dit “pirates” ou pas.

      “Des Caraïbes ?” plaisanta un étudiant au premier rang.

      “De la Méditerranée en fait,” corrigea Lawson. Il se mit à marcher lentement, mains jointes derrière son dos. “Combien d’entre vous ont assisté aux cours du professeur Truitt sur les anciens empires ?” Environ un tiers de la classe leva la main. “Bien. Alors vous savez que l’Empire Ottoman fut une puissance mondiale majeure pendant, oh, disons près de six cents ans. Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que les corsaires ottomans, plus familièrement appelés les pirates barbares, ont sillonné presque toute la Méditerranée pendant quasiment toute cette période, en partant des côtes du Portugal et en passant par le détroit de Gibraltar. Que pensez-vous qu’ils cherchaient ? Quelqu’un ? Je sais que vous êtes vivants dans le fond.”

      “De l’argent ?” demanda une fille au troisième rang.

      “Un trésor,” surenchérit l’étudiant du premier rang.

      “Du rhum !” cria un étudiant dans le fond, récoltant un rire général. Reid esquissa également un sourire. Finalement, il y avait de la vie dans cette masse d’étudiants.

      “Que de bonnes déductions,” dit-il. “La réponse est ‘Tout ça à la fois.’ Vous voyez, les pirates barbares prenaient principalement pour cibles les navires de marchandises européens pour les piller totalement. Je dis bien totalement : chaussures, ceintures, argent, chapeaux, marchandises, le bateau lui-même… et son équipage. On pense qu’en l’espace de deux siècles, de 1580 à 1780, les pirates barbares ont capturé et asservi plus de deux millions de personnes. Ils ramenaient tout ça dans leur royaume d’Afrique du Nord. Cela a duré des siècles. Et que croyez-vous que les nations européennes aient fait en retour ?”

      “La guerre !” cria l’étudiant du fond.

      Une fille souriante à lunettes leva légèrement la main pour poser sa question, “Est-ce qu’ils ont négocié un pacte ou un traité ?”

      “On pourrait dire ça comme ça,” répondit Lawson. “Les puissances d’Europe ont accepté de payer un tribut aux nations barbares, sous forme de grosses quantités d’argent et de marchandises. Je parle là du Portugal, de l’Espagne, de la France, de l’Allemagne, de l’Angleterre, de la Suède, des Pays-Bas… Ils payaient tous les pirates pour les tenir à distance de leurs bateaux. Les riches se sont encore enrichis et les pirates sont partis pour la plupart. Mais ensuite, entre la fin du dix-huitième et le début du dix-neuvième siècle, il s’est produit une chose. Un événement a entraîné la fin des pirates barbare. Quelqu’un à une idée de ce qui s’est produit ?”

      Personne n’ouvrit la bouche. À sa droite, Lawson aperçut un jeune pianoter sur son téléphone.

      “M. Lowell,” dit-il. L’étudiant releva la tête. “Une idée ?”

      “Euh… la création des États-Unis ?”

      Lawson sourit. “Est-ce que vous me posez la question ou est-ce que c’est une affirmation de votre part ? Ayez confiance en vos réponses et le reste de la classe sera au moins en mesure de penser que vous savez ce dont vous parlez.”

      “La création des États-Unis,” dit-il de nouveau, d’un ton plus énergique cette fois.

      “Tout à fait ! Les États-Unis furent créés. Mais, comme vous le savez, notre nation n’en était alors qu’à ses balbutiements Les États-Unis étaient plus jeunes que la plupart d’entre vous aujourd’hui. Nous devions établir des routes commerciales avec l’Europe pour booster notre économie, mais les pirates barbares commencèrent à prendre nos bateaux. Et quand nous leur avons demandé ‘C’est quoi ce bazar, les gars ?’, ils nous ont répondu de payer un tribut. Nous venions à peine d’établir une trésorerie, si tant est qu’il y ait quelque chose dedans. Notre tirelire était vide. Alors quel choix avions-nous ? Que pouvions-nous faire ?”

      “Déclarer la guerre !” cria une voix familière dans le fond de la salle.

      “Exactement ! Nous n’avions pas d’autre choix que de déclarer la guerre. À l’époque, cela faisait déjà un an que la Suède se battait contre les pirates et, ensemble, entre 1801 et 1805, nous prîmes le port de Tripoli et envahirent la ville de Derne, mettant enfin un terme au conflit.” Lawson se pencha en avant et replia ses mains face à lui, sur le rebord de son bureau. “Bien sûr, je vous passe tout un tas de détails, mais il s’agit d’un cours sur l’histoire de l’Europe, pas sur celle des États-Unis. Si vous en avez l’occasion, faites un brin de lecture à propos du Lieutenant Stephen Decatur et de l’USS Philadelphia. Mais je m’égare. Pourquoi parlions-nous des pirates au fait ?”

      “Parce que les pirates sont cool ?” dit Lowell, qui avait décidé pour de bon de délaisser son téléphone.

      Lawson rigola. “J’avoue que ce n’est pas faux. Mais non, il ne s’agit pas de ça. Nous parlons des pirates parce qu’il y a, dans la Guerre de Tripoli, quelque chose que l’on a rarement vu dans les annales de l’histoire.” Il se redressa d’un coup en parcourant des yeux la salle, croisant au passage le regard de plusieurs étudiants. Au mois, à présent, Lawson pouvait voir leurs yeux s’éclairer, preuve que la plupart des étudiants étaient vivants ce matin, si ce n’est attentifs. “Pendant plusieurs siècles, aucune puissance européenne ne s’était aventurée à s’opposer aux nations barbares. Il était plus facile de se contenter de payer. Et ce furent les États-Unis, alors considérés comme une simple blague pour la plupart du monde développé, qui initièrent le changement. Il fallut un acte de désespoir émanant d’une nation à l’armée ridicule et mal armée pour instaurer une transition dans la dynamique de puissance de la route commerciale qui avait le plus de valeur à l’époque. Et quelle leçon pouvons-nous en tirer ?”

      “On ne rigole pas avec les États-Unis ?” proposa quelqu’un.

      Lawson sourit. “Voilà, c’est ça.” Il leva un doigt en l’air pour ponctuer sa phrase. “Et au-delà de ça, ce désespoir et ce cruel manque d’autre choix possibles peut, et a déjà dans l’histoire, conduit à certaines des plus grandes victoires que le monde ait pu connaître. L’histoire nous a enseigné à maintes reprises qu’il n’existe pas de régime trop puissant qui ne puisse être renversé, pas de pays trop petit ou trop faible pour faire réellement la différence.” Il décocha un clin d’œil à l’assemblée. “Pensez-y la prochaine fois que vous aurez l’impression de n’être rien de plus qu’un minuscule grain de poussière dans ce monde.”

      À la fin du cours, on pouvait remarquer la différence notable entre les étudiants fatigués et à la traîne qui étaient entrés dans la classe et ce même groupe de jeunes en train de quitter la salle en rigolant et papotant. Une fille aux cheveux roses s’arrêta devant son bureau avec un sourire pour commenter le cours, “Chouette discours, Professeur. Pouvez-vous me rappeler le nom du lieutenant américain que vous avez mentionné ?”

      “Oh, il s’agit de Stephen Decatur.”

      “Merci.” Elle le nota avant de presser le pas pour sortir de l’amphi.

      “Professeur ?”

      Lawson leva les yeux. C’était l’étudiant du premier rang. “Oui, M. Garner ? Que puis-je faire pour vous ?”

      “Je me disais, est-ce que je peux vous demander un service ? Je suis candidat pour un stage au Musée d’Histoire Naturelle et, euh, ce serait bien si je pouvais avoir une lettre de recommandation.”

      “Bien sûr, aucun souci. Mais votre spécialité n’est-elle pas l’anthropologie ?”

      “Si. Mais, euh, je me disais qu’une lettre de votre part pourrait avoir un peu plus d’impact, vous voyez ? Et, euh…” Le jeune homme regarda ses pieds. “Ce cours