Une Concession d’Armes . Морган Райс

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Название Une Concession d’Armes
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия L'anneau Du Sorcier
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781632914903



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ses yeux, le rocher se changea en neige. Au lieu de se rompre les os, Gwen se sentit plongée dans un mur douillet et froid. La neige l’enveloppa complètement et entra dans son nez, dans ses yeux, dans ses oreilles…

      Elle avait survécu.

      Ils étaient à présent suspendus contre la paroi du Canyon transformée en mur de neige. Gwen sentit une main forte l’attraper par le poignet. Alistair. Ses doigts semblaient étrangement chauds, malgré le froid glaçant. D’une manière ou d’une autre, la druidesse se débrouilla pour entraîner tous ses compagnons vers le haut, en grimpant le long des cordages comme si c’était la chose la plus facile au monde. Enfin, ils atteignirent le sommet et Gwen se jeta au sol. Derrière eux, les cordes usées cédèrent, emportant pour de bon la passerelle dans les ténèbres et les brumes tourbillonnantes du Canyon.

      Gwen resta étendue un instant, pantelante, heureuse de retrouver la terre ferme, ses pensées tournées vers ce qui venait juste d’arriver. Elle n’était plus sur le pont. Elle était en vie. Ils l’avaient fait. Grâce à Alistair.

      Gwendolyn se tourna vers elle, le regard empli d’émerveillement et de respect. Comme ils avaient de la chance de l’avoir à leurs côtés ! Il lui semblait vraiment qu’elle venait de trouver une sœur. Quant à ses pouvoirs, nul doute que Gwen n’avait pas fini de les découvrir…

      Gwen ne savait pas comment ils reviendraient dans l’Anneau, une fois leurs aventures terminées – si leurs aventures se terminaient un jour, s’ils trouvaient Argon et revenaient vivants. Tournée vers le mur de neige aveuglante qui lui faisait face, l’entrée dans les Limbes, Gwen eut soudain l’impression que les plus grands obstacles se trouvaient encore devant elle…

      CHAPITRE DEUX

      Debout au bord de la Passerelle Orientale, les doigts refermés sur le garde-fou, Reece contemplait le précipice avec horreur, le souffle coupé. Il n’arrivait pas à y croire : l’Épée de Destinée, enchâssée dans sa prison de pierre, venait de dégringoler et de disparaître entre les volutes de brume.

      Il était resté silencieux longtemps, dans l’attente du bruit de la chute, dans l’attente de sentir la terre trembler sous ses pieds au moment où le rocher aurait touché le sol. À son grand étonnement, ce bruit ne retentit jamais. Le Canyon n’avait-il donc pas de fond ? Les rumeurs disaient-elles vrai ?

      Enfin, Reece lâcha le parapet, reprit son souffle et se tourna vers ses compagnons. O’Connor, Elden, Conven, Indra, Serna et Krog étaient bouche bée, le regard vide et hagard, pétrifiés, incapables d’assimiler ce qui venait de se passer. L’Épée de Destinée. La légende qui avait bercé leur enfance. L’arme la plus importante au monde. La propriété des rois. La seule chose qui permettait au Bouclier de les protéger tous.

      Elle venait de glisser entre leurs doigts. Perdue à jamais dans les ténèbres et l’oubli.

      Reece avait échoué. Il avait abandonné Thor et l’Anneau. Si seulement ils étaient arrivés quelques minutes plus tôt ! Quelques mètres de plus et ils l’auraient sauvée.

      Reece se tourna de l’autre côté du Canyon, vers l’Empire, et se prépara au pire. L’Épée disparue, il s’attendait presque à voir le Bouclier descendre, à voir les soldats impériaux traverser la passerelle, bien alignés, prêts à envahir le pays. Il arriva alors quelque chose d’étrange : sous les yeux de Reece, l’un des soldats essaya de passer mais reçut de plein fouet une décharge qui le tua.

      D’une manière ou d’une autre, le Bouclier était sauf. Reece ne comprenait pas.

      – Ça n’a pas de sens, dit-il à ses compagnons. L’Épée a quitté l’Anneau. Comment est-ce possible ?

      – L’Épée n’a pas quitté l’Anneau, suggéra O’Connor. Elle n’a pas traversé. Pas encore. Elle est tombée tout droit dans le ravin. Maintenant, elle est bloquée entre les deux mondes.

      – Que devient le Bouclier si l’Épée n’est ni à l’intérieur, ni à l’extérieur ? s’interrogea Elden.

      Tous échangèrent des regards émerveillés. Personne n’avait la réponse, car cette situation était inédite.

      – Nous ne pouvons pas repartir comme ça, dit Reece. L’Anneau est en sécurité tant que l’Épée est de notre côté, mais nous ne savons pas ce qui lui arrivera en bas.

      – Tant que nous ne l’avons pas dans les mains, impossible de savoir si elle ne finira pas par glisser de l’autre côté, renchérit Elden.

      – Nous ne pouvons pas prendre ce risque, dit Reece. Le destin de l’Anneau en dépend. Nous ne pouvons pas faire demi-tour et revenir les mains vides.

      Reece se tourna vers les autres d’un air décidé.

      – Nous devons la récupérer, conclut-il. Avant qu’un autre ne le fasse.

      – La récupérer ? demanda Krog d’un air stupéfait. Es-tu sot ? Comment comptes-tu faire ça ?

      Reece jeta un coup d’œil à Krog qui le regardait avec un air de défi, comme toujours. Il commençait vraiment à ennuyer Reece, celui-là : il ne cessait de remettre ses ordres en question. S’il continuait comme ça, Reece finirait par perdre patience.

      – Nous le ferons, insista-t-il. Nous le ferons en descendant le long de la paroi.

      Ses compagnons poussèrent des cris de surprise. Les mains sur les hanches, Krog fit la grimace.

      – Tu es fou, dit-il. Personne n’est jamais descendu dans le Canyon.

      – Personne ne sait si le Canyon a un fond, renchérit Serna. Pour ce qu’on en sait, l’Épée a traversé un nuage de brume et continue de dégringoler.

      – C’est ridicule, s’agaça Reece. Tout a un fond. Même l’océan.

      – Eh bien, même si ce fond existe, rétorqua Krog, comment descendre jusque là alors que nous ne pouvons ni l’apercevoir, ni l’entendre ? Ça prendrait des jours… même des semaines peut-être !

      – Sans parler du fait que ce ne sera pas une promenade de santé, dit Serna. Tu as vu comme c’est abrupt ?

      Reece se retourna vers la falaise dont la pierre millénaire disparaissait partiellement derrière les volutes de brume. Verticales. Vertigineuses. Ses compagnons avaient raison : ce ne serait pas facile. Cependant, ils n’avaient pas le choix.

      – C’est pire que vous ne le pensez, dit-il. La brume rend la pierre humide et glissante. Même si nous atteignons le fond, nous ne serons pas sûrs de pouvoir remonter.

      Tous lui jetèrent un regard stupéfait.

      – Alors, tu es d’accord : c’est de la folie, dit Krog.

      – C’est de la folie, dit Reece d’une voix tonnante, pleine d’assurance et d’autorité. Mais nous sommes nés pour ce genre de folie. Nous ne sommes pas seulement des hommes. Nous ne sommes pas seulement des citoyens de l’Anneau. Nous sommes d’une autre race : celle des guerriers. Nous sommes des soldats. Nous sommes des hommes de la Légion. Nous avons fait un vœu. Nous avons prêté serment. Nous avons promis de ne jamais refuser une quête sur le prétexte qu’elle est difficile ou dangereuse, de ne jamais hésiter devant une entreprise qui pourrait nous coûter la vie. C’est cela qui fait de nous des guerriers. L’essence même du courage : s’engager dans une quête qui nous dépasse, car c’est la bonne chose à faire, la chose honorable, même si le but à atteindre parait inaccessible. Après tout, ce n’est pas le résultat qui fait de nous des braves, mais le fait d’essayer. C’est plus grand que nous. C’est ce que nous sommes.

      Un lourd silence suivit ces mots, comme le vent sifflait autour d’eux.

      Enfin, Indra fit un pas en avant.

      – Je suis avec Reece, dit-elle.

      – Moi aussi, ajouta Elden en faisant à son tour un pas en avant.

      – Et