Les énigmes de l'Univers. Ernst Haeckel

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Название Les énigmes de l'Univers
Автор произведения Ernst Haeckel
Жанр Документальная литература
Серия
Издательство Документальная литература
Год выпуска 0
isbn 4064066081188



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les Cynopithèques en général. Parmi ceux-ci, les Papiomorphes à tête de chien, en particulier les papious et les chats de mer, n'atteignent qu'à un degré très inférieur de développement. Les différences anatomiques entre ces grossiers papious et les singes anthropoïdes parvenus à un si haut degré de perfectionnement, sont plus grandes sous tous les rapports—et quelqu'organe que l'on compare!—que celles qui existent entre les singes supérieurs et l'homme. Ce fait instructif a été démontré tout au long en 1883 par l'anatomiste Robert Hartmann, dans son travail sur Les singes anthropoïdes et leur organisation comparée à celle de l'homme. Ce savant a proposé, par suite, de subdiviser autrement l'ordre des singes, à savoir en deux groupes principaux: celui des Primaires (Singes et Anthropoïdes) et celui des Simiens proprement dits ou Pithèques (les autres Catarrhiniens et tous les Platyrrhiniens). En tous cas, des considérations précédentes nous pouvons conclure à la plus intime parenté entre l'homme et les singes anthropomorphes.

      L'anatomie comparée amène ainsi le chercheur impartial, qui fait œuvre de critique, en face de ce fait important: à savoir que le corps de l'homme et celui des singes anthropoïdes non seulement se ressemblent au plus haut degré mais que, sur tous les points essentiels, la conformation est la même. Ce sont les mêmes 200 os, disposés dans le même ordre et associés de la même façon, qui composent notre squelette interne; les mêmes 300 muscles président à nos mouvements; les mêmes poils couvrent notre peau; les mêmes groupes de cellules ganglionnaires constituent le chef-d'œuvre artistique qu'est notre cerveau, le même cœur à quatre cavités sert de pompe centrale à la circulation de notre sang; les mêmes 32 dents, disposées suivant le même ordre, composent notre dentition; les mêmes glandes salivaires, hépatiques et intestinales servent à notre digestion; les mêmes organes de reproduction rendent possible la conservation de notre espèce.

      Il est vrai, à un examen plus minutieux, nous découvrons quelques petites différences de grandeur et de forme dans la plupart des organes entre l'homme et les Anthropoïdes, mais les mêmes différences, ou d'autres analogues ressortent également d'une comparaison attentive entre les races humaines les plus élevées ou les plus inférieures; on les constate même en comparant très exactement entr'eux tous les individus de notre propre race. Nous n'y trouvons pas deux personnes qui aient tout à fait la même forme et la même grandeur de nez, d'oreilles ou d'yeux. Il suffit, dans une assemblée nombreuse, de porter son attention sur ces différentes parties du visage, pour se convaincre de l'étonnante variété des formes, de la très grande variabilité de l'espèce. Tout le monde sait que même des frères et sœurs sont souvent conformés si différemment qu'on a peine à les croire issus d'un même couple. Toutes ces différences individuelles ne restreignent cependant pas la portée de la loi d'identité fondamentale de conformation corporelle, car elles proviennent de petites divergences dans le développement individuel des parties.

       Notre vie.

       Table des matières

      Études monistes de physiologie humaine et comparée.—Identité, dans toutes les fonctions de la vie, entre l'homme et les Mammifères.

      Jamais la physiologie ne nous conduit, en étudiant les phénomènes vitaux des corps naturels, à un autre principe d'explication que ceux qu'admettent la physique et la chimie par rapport à la nature inanimée. L'hypothèse d'une force vitale spéciale sous toutes ses formes est non seulement tout à fait superflue, mais en outre inadmissible. Le foyer de tous les processus vitaux et de l'élément constitutif de toute substance vivante est la cellule. Par suite, si la physiologie veut expliquer les phénomènes vitaux élémentaires et généraux, elle ne le pourra qu'en tant que Physiologie cellulaire. Max Verworn (1894).

       SOMMAIRE DU CHAPITRE III

      Evolution de la physiologie à travers l'antiquité et le moyen âge: Galien.—Expérimentation et vivisection.—Découverte de la circulation du sang par Harvey.—Force vitale (vitalisme). Haller.—Conceptions téléologiste et vitaliste de la vie. Examen des processus physiologiques du point de vue mécaniste et moniste.—Physiologie comparée au XIXe siècle: Jean Müller.—Physiologie cellulaire: Max Verworn.—Pathologie cellulaire: Virchow.—Physiologie de Mammifères.—Identité dans toutes les fonctions de la vie, entre l'homme et le singe.

       LITTÉRATURE

      Müller.—Handbuch der Physiologie des Menschen. 3 Bd. IV Aufl. 1844. Traduit en français.

      R. Virchow.—Die Cellular-Pathologie in ihrer Begründung auf physiologische und pathologische Gewebelehre. IV Aufl. 1871.

      J. Moleschott.—Kreislauf des Lebens. Physiologische Antworten auf Liebig's chemische Briefe. V Aufl. 1886.

      Carl Vogt.—Physiologische Briefe für Gebildete aller Staende. IV Aufl. 1874.

      Ludwig Büchner.—Physiologische Bilder. III Aufl. 1886.

      C. Radenhausen.—Isis: Der Mensch und die Welt. 4 Bd. 1874.

      A. Dodel.—Aus Leben und Wissenschaft (I. Leben und Tod. II. Natur-Verachtung und Betrachtung. III. Moses oder Darwin) Stuttgart. 1896.

      Max Verworn.—Allgemeine Physiologie. Ein grundriss der Lehre vom Leben. (Iena. 1894, 2 Bd. Aufl. 1897).

      Nos connaissances relativement à la vie humaine ne se sont élevées au rang de science réelle et indépendante qu'au cours du XIXe siècle; elle y est devenue une des branches du savoir humain les plus élevées, les plus importantes et les plus intéressantes. De bonne heure, il est vrai, on avait senti que la «Science des fonctions de la vie», la physiologie, constituait pour la médecine un avantageux préambule, bien plus même, la condition nécessaire de la réussite pratique pour ceux qui faisaient profession de guérir, en rapport étroit avec l'anatomie, science de la structure du corps. Mais la physiologie ne pouvait être étudiée à fond que bien après l'anatomie et bien plus lentement qu'elle, car elle se heurtait à des difficultés bien plus grandes.

      La notion de vie en tant que contraire de la mort a naturellement été, de très bonne heure, un sujet de réflexion. On observait chez l'homme vivant ainsi que chez les autres animaux également vivants, un certain nombre de changements caractéristiques, des mouvements surtout, qui étaient absents chez les corps «morts»: le changement volontaire de lieu, par exemple, les battements du cœur, le souffle, la parole, etc. Mais la distinction entre ces «mouvements organiques» et les phénomènes analogues chez les corps inorganiques n'était pas facile et on y échouait souvent; l'eau courante, la flamme vacillante, le vent qui soufflait, le rocher qui s'écroulait, offraient à l'homme des changements tout à fait analogues et il était tout naturel que l'homme primitif attribuât aussi à ces corps morts une vie indépendante. Et d'ailleurs on ne pouvait pas fournir, quant aux causes efficientes, une explication plus satisfaisante dans un cas que dans l'autre.

      Physiologie humaine.—Nous rencontrons les premières considérations scientifiques sur la nature des fonctions vitales de l'homme (comme déjà celles relatives à la structure du corps) chez les médecins et les philosophes naturalistes grecs des VIe et Ve siècles avant J.-C. La plus riche encyclopédie des faits alors connus, se rapportant à notre sujet, se trouve dans l'histoire naturelle d'Aristote; une grande partie de ses données lui vient probablement déjà de Démocrite et d'Hippocrate. L'école de celui-ci avait déjà tenté des explications; elle admettait comme cause première de la vie chez l'homme et les animaux un esprit de vie fluide (Pneuma); et déjà Erasistrate (280 avant J.-C.,) distinguait un esprit de vie inférieur et un supérieur: le pneuma zoticon, dans le cœur et le pneuma psychicon, dans le cerveau.

      La gloire d'avoir rassemblé toutes ces connaissances éparses et d'avoir tenté le premier