Soldat, Frère, Sorcier . Морган Райс

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Название Soldat, Frère, Sorcier
Автор произведения Морган Райс
Жанр Героическая фантастика
Серия De Couronnes et de Gloire
Издательство Героическая фантастика
Год выпуска 0
isbn 9781640290488



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West, vu tout ce qu'il représentait, et Lord West avait été un homme courageux et honorable, lui. Son cousin ne lui était jamais arrivé à la cheville.

      Elle ne demanda pas si les seigneurs de guerre avaient un chef. Cela n'aurait pas correspondu au type d'hommes qu'ils étaient. Dans les fosses d'entraînement du Stade, Ceres avait fait connaissance avec chacun d'entre eux et elle savait que, bien que chacun d'eux vaille au moins une dizaine d'hommes ordinaires, ils ne pouvaient pas diriger ce genre d'action.

      Elle finit par penser à Akila. Il était évident qu'il était un chef, ses hommes suivaient visiblement son exemple mais il semblait s'attendre à ce que ce soit elle qui donne les ordres ici.

      Ceres sentit son père lui poser la main sur l'épaule.

      “Tu te demandes pourquoi ils devraient t'écouter”, devina-t-il avec beaucoup trop de sagacité.

      “Ils ne devraient pas me suivre simplement parce qu'il se trouve que je descends des Anciens”, répondit doucement Ceres. “Qui suis-je vraiment ? Comment puis-je espérer les diriger ?”

      Elle vit son père sourire à ses mots.

      “Ils ne veulent pas te suivre rien que pour tes ancêtres. Ils suivraient Lucious si c'était le cas.”

      Son père cracha par terre comme pour souligner ce qu'il pensait d'une telle attitude.

      Sartes hocha la tête.

      “Père a raison, Ceres”, dit-il. “Ils te suivent à cause de tout ce tu as fait, à cause de qui tu es.”

      Elle y réfléchit.

      “Tu peux les rassembler”, ajouta son père. “Il faut que tu le fasses maintenant.”

      Ceres savait qu'ils avaient raison, mais c'était quand même difficile de se tenir au milieu de tant de gens et de savoir qu'ils attendaient qu'elle prenne une décision. Cela dit, que se passerait-il si elle refusait ? Que se passerait-il si elle forçait un des autres à prendre le commandement ?

      Ceres le devinait. Elle sentait l'énergie de la foule, pour l'instant docile mais quand même prête à se transformer en incendie comme des cendres qui attendaient qu'on leur souffle dessus. Si on ne dirigeait pas la foule, le résultat serait le pillage de la cité, plus de morts, plus de destruction, et peut-être même la défaite quand les factions s'affronteraient l'une l'autre.

      Non, elle ne pouvait pas permettre ça, même si elle n'était toujours pas sûre d'être capable de prendre la situation en main.

      “Frères et sœurs !” cria-t-elle. A sa grande surprise, la foule qui l'entourait se tut.

      A présent, elle avait toute leur attention, même par rapport à auparavant.

      “Nous avons tous remporté une grande victoire ! Grâce à vous tous ! Vous avez affronté l'Empire et vous avez arraché la victoire aux crocs de la mort !”

      La foule l'acclama et Ceres regarda autour d'elle, s'offrant le temps de la réflexion.

      “Cela dit, ce n'est pas suffisant”, poursuivit-elle. “Oui, nous pourrions tout rentrer chez nous maintenant et nous aurions accompli beaucoup de choses. Nous pourrions même être un certain temps hors de danger. Cependant, l'Empire et ses dirigeants finiraient par venir nous chercher, ou par venir chercher nos enfants. Tout redeviendrait comme avant, sinon pire. Il faut que nous allions jusqu'au bout une fois pour toutes !”

      “Et comment ?” demanda une voix dans la foule.

      “Il faut prendre le château”, répondit Ceres. “Il faut prendre Delos, que la cité soit à nous. Il faut capturer les membres de la famille royale et mettre fin à leur cruauté. Akila, vous êtes venu ici par la mer ?”

      “Effectivement”, dit le chef des rebelles.

      “Dans ce cas, allez au port avec vos hommes et assurez-vous que nous en ayons le contrôle. Je ne veux pas que des serviteurs de l'Empire s'échappent pour revenir nous assaillir avec une armée ou qu'ils nous attaquent par surprise avec une flotte.”

      Elle vit Akila hocher la tête.

      “On le fera”, lui assura-t-il.

      Ce qu'elle dit ensuite lui coûta plus d'efforts.

      “Tous les autres, suivez-moi au château.”

      Elle montra du doigt la fortification qui se dressait au-dessus de la cité.

      “Trop longtemps, il a été le symbole du pouvoir qu'ils avaient sur vous. Aujourd'hui, on va le prendre.”

      Elle regarda la foule en essayant d'évaluer sa réaction.

      “Si vous n'avez pas d'arme, trouvez-en une. Si vous êtes trop blessé ou si vous ne voulez pas faire ça, restez : il n'y a pas de honte à ça. Cependant, si vous venez, vous pourrez dire que vous étiez là le jour où Delos a été libérée !”

      Elle s'interrompit.

      “Peuple de Delos !” cria-t-elle d'une voix tonitruante. “Êtes-vous avec moi !?”

      Le rugissement que la foule lui adressa en guise de réponse fut assez fort pour l'assourdir.

      CHAPITRE TROIS

      Stephania tenait fermement la balustrade de leur bateau, les jointures des doigts aussi blanches que l'écume qui venait de l'océan. Elle n'appréciait pas ce voyage en mer. Ce n'était qu'en pensant à la vengeance qu'il pourrait lui apporter qu'elle le supportait.

      Elle faisait partie de la haute noblesse de l'Empire. Quand elle avait entrepris de longs voyages, elle avait logé dans les cabines de luxe des grandes galères ou dans des calèches matelassées au sein de convois bien gardés. Elle n'avait pas eu à partager l'espace d'un bateau qui semblait beaucoup trop petit par rapport à l'immense étendue de l'océan.

      Cela dit, ses difficultés ne se limitaient pas à l'inconfort. Stephania se piquait d'être plus résistante qu'on le croyait. Elle n'allait pas se plaindre simplement parce que ce rafiot troué tanguait à chaque vague ou parce qu'il semblait ne jamais y avoir autre chose à manger que du poisson et de la viande salée. Elle n'allait même pas se plaindre que cette nourriture puait. Dans des circonstances normales, Stephania aurait affiché son meilleur sourire hypocrite et s'y serait fait.

      Sa grossesse rendait tout cela plus difficile à supporter. A présent, Stephania avait l'impression de sentir l'enfant grandir en elle. L'enfant de Thanos. Son arme parfaite contre lui. Le sien. C'était une chose qui lui avait semblé presque irréelle quand elle en avait appris l'existence. Maintenant, avec la grossesse qui exacerbait le moindre départ de nausée et qui rendait la nourriture encore plus répugnante que d'habitude, tout cela ne lui semblait que trop réel.

      Stephania regarda Felene avancer vers l'avant du bateau avec la servante de Stephania, Elethe. Elles étaient aussi différentes que possible l'une de l'autre. La navigatrice, voleuse et quoi qu'elle fût d'autre, portait un pantalon et une tunique rêches et elle avait les cheveux tressés dans le dos. La servante portait des vêtements en soie recouverts d'un manteau et ses cheveux plus courts encadraient délicatement ses traits hâlés avec une élégance dont l'autre femme n'aurait pu que rêver.

      Felene semblait beaucoup apprécier le voyage. Elle chantait une chanson de marin qui faisait preuve d'une telle créativité en matière de vulgarité que Stephania était sûre que l'autre femme la chantait exprès pour la provoquer, ou alors c'était la façon dont Felene envisageait la séduction. Elle avait vu la voleuse adresser des regards à sa servante.

      Elle l'avait aussi regardée à elle mais, au moins, c'était mieux que ses regards de suspicion. Ces derniers avaient été assez rares au départ mais ils étaient devenus plus fréquents et Stephania devinait pourquoi. Le message qu'elle avait envoyé pour duper Thanos avait précisé qu'elle avait pris la potion de Lucious. A ce moment-là, cela avait semblé être le meilleur moyen de le faire souffrir mais, maintenant, cela signifiait